give me my sin again / ches.

@ches o'flanagan
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Y’a du monde. Beaucoup de monde. Du monde et du bruit, trop de bruit. Elle se raccroche à son bras, Juliet. Soudainement, dans la foule, il devient rassurant. Quelque chose à laquelle se raccrocher, pour ne pas tomber. Le menton baissé, pour éviter les regards. Comme toujours, à marcher juste à côté. À vouloir se fondre dans les ombres, mais à attirer la lumière. Après tout, elle est juste là pour qu’on la regarde, Juliet. Paradée au bras de son bourreau, les sorties publiques pour confirmer son appartenance. Il ne peut pas être là seul, il lui faut la fille à son bras. Et pas n’importe quelle fille, elle, son joyau de la couronne, son ange descendu du ciel. Et elle déteste ça, Juliet. Déteste quand il la prend pour une poupée qu’on peut traîner partout. Elle aurait voulu rester au calme, ce soir. Aurait même préféré travailler, plutôt que d’être là. Ce genre de projecteurs qu’elle n’aime pas. Au moins, sur scène, elle peut danser, elle peut s’oublier dans la musique. Dans le rôle qu’elle joue, cheerleader, écolière, ange déchu. Mais dans ces moments-là, elle ne peut être personne d’autre que Juliet. Et elle déteste ça. Les déteste tous.

Coiffée, maquillée, habillée. Calme à son bras, le sourire timide. Peu assumé. Pas une femme fatale, Juliet, juste une gamine qui n’a rien connu d’autre. Connue de personne, aimée de tous. Mais ce qu’ils aiment, c’est l’image de toi. Rien d’autre. Mais elle ne dit rien. Élevée dans le silence, elle a appris à rester muette. C’est toujours mieux, pour éviter les coups. Elle s’assoit à ses côtés. Le combat qui commence, les corps qui se fracassent. Les os brisés et le sang qui gicle. Elle serre les dents. N’aime pas la violence. Elle ne tressaille pas, cependant. La violence est inévitable. Elle n’écoute pas les conversations. Regarde juste le combat. Combat qui se termine. Vainqueur inattendu, qui la nez brisé sous les chocs brutaux. Son regard qui tombe sur son visage. L’orage.

Il est si jeune. Son âge, il semblerait bien. Les traits doux. Plus doux qu’elle aurait jamais pu imaginer. Des yeux dans lesquels se perdre. Elle ne peut pas regarder ailleurs. Ne voir que lui. Lui. Lui. Qui est-il ? Qui es-tu ?

Est-ce que tu me vois, toi aussi ?